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Agriculture et société : la grande incompréhension. Blog sur le monde paysan et les défis à relever ensemble : tous pour une réconciliation entre les consommateurs et nos paysans pour éviter la désertification de nos campagnes et lutter contre la malbouffe. Dans mon livre : « NOS PAYSANS, Dernier rempart contre la désertification et la malbouffe » j’ai voulu faire prendre conscience de la réalité du monde agricole et de l’enjeu que représente plus que jamais son avenir pour celui de notre société. Comme tout essai, il ne prétend ni à l’exhaustivité ni à la vérité, dans un domaine aussi complexe et aussi polémique qu’est devenu le sujet ! Ouvert à la réflexion, aux échanges et aux commentaires, je me propose au travers de ce Blog, de prolonger ma démarche au gré de l’actualité avec comme souci premier : comment réconcilier nos concitoyens avec leur agriculture ?

Comment expliquer la perte de compétitivité de notre agriculture ?

Alors qu'ils supportent les normes les plus strictes au sein même de l'Europe, qu'ils ont à faire face à des concurrents souvent mieux placés en matière de prix, les agriculteurs français devraient-ils maintenant tourner le dos au progrès ?

Selon les derniers chiffres du commerce extérieur, l'excédent de  nos échanges de produits agricoles et agro-alimentaires, a baissé d'un tiers en l'espace de dix ans, reléguant la France de la troisième place d'exportateur mondial au sixième rang. Le secteur doit affronter à l'exportation, comme sur nos propres marchés intérieurs, une concurrence de plus en plus vive. Sous peine de voir sa position régresser encore plus, l'agriculture française doit rester compétitive. Si aujourd'hui on lui propose de revenir cinquante ans en arrière, au motif que le pays  doit toujours aller de l'avant en matière environnementale, les agriculteurs ont de quoi s'inquiéter. Et ne risquons-nous pas, en même temps, de perdre notre "autonomie alimentaire", comme le soutient  Sylvie Brunel. dans son dernier livre (1). 

 Source : Vincent Chatellier, INRA- d'après Douanes françaises, Rapport Sénat, Mai 2019

Une différence "culturelle" 

Evitons d'idéaliser les méthodes d'antan ou des modèles de production ou de consommation, sans tenir compte des réalités économiques. L'agriculture ne fonctionne pas indépendamment du reste de la société. Comment protéger à la fois les consommateurs et les producteurs français si l'agriculture  aujourd'hui doit renoncer aux innovations. C'est l'une des grandes contradictions de notre société où le progrès est de moins en moins reconnu. A cet égard, la situation de la France est à l'opposé de celle des autres grands pays producteurs agricoles. La plupart d'entre eux, ont une croyance aveugle dans le progrès technique où il bénéficie d'une incontestable légitimité. De plus, s'agissant des produits agricoles et alimentaires, il existe une différence "culturelle" entre nos pays. Ainsi, les américains produisent et consomment, de la viande aux hormones. Autre exemple, plus d'un quart des pesticides utilisés par l'agriculture américaine sont interdits dans l'Union Européenne ! Alors que la France s'interdit, comme la plupart des autres pays européens, de cultiver des plantes génétiquement modifiées, elles sont produites dans 28 pays. Ce qui n'empêche pas l'Europe d'importer du soja OGM d'Amérique du Sud pour nourrir les animaux, et aujourd'hui de vouloir favoriser la venue des productions des pays du Mercosur, alors que ceux-ci sont connus pour faire un usage massif des antibiotiques et des phytosanitaires !

Avoir confiance dans l'avenir,

Une économie ouverte à tout vent a aussi, et surtout, besoin de progresser. C'est bien dans les innovations qu'il faut chercher des solutions. Comme l'explique Philippe Mauguin, PDG de l'Inra (L'Express du 15/05/19), au sujet de la viticulture, c'est grâce à des travaux de recherche conduits depuis plus de vingt ans sur les principales pathologies de la vigne (oïdium et mildiou)  qu'est rendu possible une réduction de 90 % des pesticides. Travaux qui, en même temps ont permis, face au changement climatique, d'explorer de nouveaux cépages résistants à des aléas extrêmes. Le progrès offre des perspectives d'évolution dans de nombreux domaines, comme la génétique et la robotique, de même, dans de nouvelles cultures favorisant une plus grande diversification des systèmes de production. Mais cela demande du temps, des moyens, et une certaine confiance dans l'avenir. Pour les agriculteurs, il faut aussi que ces solutions soient économiquement rentables.

Déjà enfermée dans des contraintes particulières, l'agriculture de notre pays est loin d'être dans une situation économique équivalente à celle de ses partenaires et concurrents. Si dans une économie d'échanges, l'agriculture française doit faire face au dumping social de la part de certains de ses concurrents, en même temps devoir supporter des normes plus sévères que ses partenaires européens, et en plus tourner le dos au progrès, alors, il ne faut pas s'étonner de sa perte de compétitivité !

(1) Toutes les idées reçues qui nous pourrissent la vie. Ed. J-C Lattès

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